Au poste (Sans menottes)

C’est une photo parue dans la presse. Elle montre un groupe de salariés, hommes et femmes, d’une de ces entreprises que le « marché » oblige à mettre la clé sous le paillasson et le paillasson aux enchères. Ils sont au bord des larmes, c’est évident. Ils ont l’air tout cassés en dedans. Mais ils applaudissent. Ou, du moins, leurs mains applaudissent tandis que leurs cœurs s’étranglent. Ils applaudissent parce qu’on vient de leur dire qu’ils s’en sortent bien. Ils seront mangés, mais à la meilleure sauce (...)

Le père noël a des soucis. Sa petite entreprise artisanale, soucieuse d’assurer à ses clients une certaine qualité de prestations, s’est avérée insuffisamment compétitive face aux mastodontes du dumping, experts dans l’art de réduire les charges en augmentant le labeur et dégradant le service. Elle a subi une OPA et s’est retrouvée englobée dans un consortium plus puissant. La SA Noël terre appartient désormais à Mc Noël Universal qui s’emploie à la rendre plus performante et rentable. Le père noël est (...)

Il faut vivre aussi disait cette cadresse dont les nerfs visiblement tendus comme cordes de piano indiquaient suffisamment à quel point elle devait être considérée comme dynamique par ses pairs. Il faut vivre aussi, disait elle pour se justifier d’avoir eu l’audace de faire une pause déjeuner d’une demi-heure greffée sur portable, faisant ainsi preuve d’une très légère désinvolture par rapport aux tâches « incontournables » qui requéraient de toute urgence son attention et sa tension. Il faut vivre aussi (...)

On connait la chanson.* *Un rappeur venait d’être condamné pour avoir dit un peu de mal de la police.
Je voudrais aider ici ces pauvres policiers qui ont bien du mal à faire régner l’ordre républicain en des lieux où les petits délinquants ont pris l’habitude de vouloir faire comme les grands criminels qui règnent sur cette planète : rester impunis.
Je voudrais dénoncer ceux qui, en toute tranquillité, expriment, par des déclarations subversives, une sorte de soutien moral aux attaques que subissent (...)

Je n’aime pas l’État des États-Unis. On peut même dire sans se tromper que je ne ressens que dégoût et colère devant les cyniques truands qui le dirigent. Pourtant, aucune jubilation ne s’est emparée de moi lorsque j’ai vu s’effondrer les arrogants braquemarts jumeaux du World Trade Center. C’est au contraire une immense consternation qui m’a submergé. Consternation de voir vers quel effroyable délire ce monde évolue toujours plus. Consternation de voir confirmé par l’horreur l’évidence que les gens (...)

Vous avez vu comme ils étaient attendrissants avec leurs petits drapeaux les traders qui ont remis Wall Street en route ? Comme c’était émouvant cette cérémonie de redémarrage bénie par dieu au son de la cloche déclenchée par les pompiers musclés et tatoués ?
Deux semaines auparavant un bug colossal avait méchamment shunté les programmes de ces businessmen. La réalité rappelait brutalement au virtuel qu’elle existe encore. Le ronron du confortable cockpit qui évite de voir sur quoi on largue des bombes (...)

Eh bien, ça y est ! Les fabricants d’insécurité planétaire ont entamé une nouvelle étape de leur danse de mort. Le djihad de George Bush donnant la réplique à la croisade de Ben Laden va contribuer à faire bouillir la marmite de douleur et de haine qui donne les bonnes soupes explosives. Les nouveaux sandwiches humanitaires, un missile entre deux tranches de Semtex, vont alimenter la rage mieux que la famine et permettre aux fabricants de boomerangs de haute technicité de remplir leurs coffres forts (...)

Ce monde, riche en paradoxes édifiants, nous en offre aujourd’hui un de taille : tant de gens qui d’ordinaire rechignent si peu à se rendre « au charbon » sont aujourd’hui pris d’une peur bleue de l’attraper. Étonnant, non ? Des milliers de gens de par le monde meurent chaque année des suites de maladies professionnelles ou d’accidents du travail, mais ça ne semble pas créer de psychose. C’est bien accepté et même, parfois, c’est à ceux qui risquent de déranger la situation produisant ces maladies et ces (...)

Bien sûr, pour qui a gardé en lui quelque petite étincelle d’envie d’une existence non aliénée, ou même pour qui n’a pas totalement oublié ce que pouvait être la simple convivialité ordinaire du temps où Big Brother n’avait pas étendu son contrôle sur toutes les relations humaines, il y a de quoi déprimer à la vue de la fièvre lofteuse qui a gagné ce pays et qu’aucun confinement sanitaire n’essaie d’enrayer.
Bien sûr, il ya de quoi être affligé en voyant des millions d’esclaves entériner par leur adhésion (...)

Je participe. Tu participe, etc… Ils profitent.*
*Affiche, Mai 1968.
En ce lendemain d’élections exaltantes, je crois venu le moment de le dire : Je suis pour la démocratie « participative ». Je pense qu’il est important d’accorder aux professionnels de la politique la possibilité de faire entendre leurs voix dans les débats relatifs au gouvernement de la société. Je crois que ce domaine ne doit pas être abandonné aux mains des seuls citoyens. Je pense aussi qu’il est nécessaire d’accorder aux patrons (...)