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On connait la chanson

mercredi 6 août 2014

On connait la chanson.*
*Un rappeur venait d’être condamné pour avoir dit un peu de mal de la police.

Je voudrais aider ici ces pauvres policiers qui ont bien du mal à faire régner l’ordre républicain en des lieux où les petits délinquants ont pris l’habitude de vouloir faire comme les grands criminels qui règnent sur cette planète : rester impunis.

Je voudrais dénoncer ceux qui, en toute tranquillité, expriment, par des déclarations subversives, une sorte de soutien moral aux attaques que subissent les gardiens de la paix des palaces. A commencer par ce moustachu que certains inconscients célèbrent comme un grand poète français et que l’on entend chanter à la radio avec sa voix de méditerranéen mal dégrossi :

En voyant ces braves pandores
Etre à deux doigts de succomber
Moi j’bichais car je les adore
Sous la forme de macchabées

Ah ! Bravo ! En voilà un encouragement. Comment se fait-il que cette chanson ne soit pas interdite ? Pourquoi ceux qui la diffusent sur les ondes ne sont-ils pas arrêtés et condamnés pour ça, à défaut de l’auteur qui, s’étant lâchement caché au cimetière, ne peut plus être inquiété pour ses propos criminels ?
Il y a des limites à la liberté quand il s’agit de la défendre !

C’est d’ailleurs ce qu’ont commencé à comprendre nos députés qui, en adoptant la loi dite de « sécurité quotidienne », viennent de sécuriser notre démocratie en lui ôtant presque tous les vestiges de ce qui la déguisait en « démocratie ».

Mais, il faut oser le dire : ces mesures sont encore trop timorées pour atteindre leur objectif. Pour sécuriser totalement l’ordre démocratique, qui permet d’empêcher le citoyen de se mêler de ce qui le regarde, il faut terroriser ce citoyen, le considérer comme le terroriste potentiel qu’il est. Il faut, appliquant le sain précepte qui énonce que la meilleure défense c’est l’attaque, réprimer la menace qu’il représente en germe.

Quoi ? Ce citoyen voudrait avoir encore un peu le droit de discuter les décisions prises en son nom ? Il voudrait même peut être pouvoir exprimer une critique de certains de ces diktats économiques et sociaux qui font de sa vie le Nirvâna que l’on sait ? Il est donc prêt à se livrer à la calomnie contre les valeurs qui fondent notre civilisation. C’est la porte ouverte à tous les irrespects, à toutes les désobéissances et (pourquoi pas ?) à toutes les rébellions. Pas de ça. Il faut tuer dans l’œuf ce terrorisme potentiel.

Qui veut que la démocratie, telle qu’elle existe aujourd’hui, continue à assurer par ses lois d’airain la sécurité et le bonheur de ses sujets, doit absolument empêcher ceux-ci de douter de sa nature bienfaisante. Il ne suffit donc pas de disposer d’un arsenal légal permettant de réprimer ce doute dès qu’il commence à se manifester : il faut créer les conditions l’empêchant de pouvoir se formuler.

A l’heure où nous parlons, d’immondes terroristes grandissent dans les berceaux où des manipulateurs sans scrupule leur enseignent de bonne heure à dire Non. Il faut agir. Supprimons une fois pour toutes cet adverbe de la langue française. Que seuls des Oui dociles et enthousiastes accueillent ces incommensurables sécurisations de nos libertés que la police va faire entrer dans chaque foyer dès qu’on lui aura donné les moyens qu’elle demande.

Et que les Gédicus la ferment une fois pour toutes !

A la prochaine … Euh… à la prochaine ?

Gédicus, le 9 novembre 2001.